En septembre 1798, sous le Directoire, l’administration parisienne fit ouvrir aux Grandes-Carrières un cimetière réservé à la sépulture des habitants des 4 premiers arrondissements de Paris, en remplacement de celui établi depuis 1783 dans la capitale en haut de la rue Pigalle .
Ce fut le cimetière du Champs du Repos qui fut fermé vers 1806-1808. Agrandi, il fut rouvert le 1er janvier 1825 sous le nom de cimetière du Nord ou de Montmartre.
En 1850 sa surface atteint 19 hectares 47 ares 82 centiares. Aujourd’hui le cimetière est plus petit : onze hectares
Destiné aux défunts des cinq premiers arrondissements de Paris, il comportait un mur intérieur pour isoler le carré juif, mur qui sera détruit en 1882.
Cette partie s’ouvrait sur la Sépulture d’Osiris, ornée d’un colossal Moïse d’après Michel-Ange.
A l’entrée du cimetière il y avait une sorte de ferme. Les ouvriers endimanchés y venaient boire le lait dans une masure qui servit de loge au concierge, et du vin dans l’autre, le bureau du conservateur. Au sol, les tombes renversées laissaient pousser des clématites, des aubépines, des chèvrefeuilles. Une sorte de bosquet sauvage mêlé de ruines. Impossible de combler cette ravine sans l’accord de l’introuvable propriétaire d’une concession à perpétuité. Sa découverte entraîna avec son autorisation d’exhumation, le comblement de la ravine.
Bien des mausolées sont enrichis de magnifiques sculptures, telle la statue de Rude qui surmonte celui de Godefroy Cavaignac, où les petits oiseaux vont après la pluie boire dans les plis de la draperie de bronze.
Difficile à trouver, la sépulture de Baudin, avec une statue couchée en bronze par Millet, ce député de l’Ain qui après avoir proclamé, aux côtés de Blanqui, la dissolution de l’Assemblée nationale le 15 mai 1848, tombait sur les barricades, le 3 décembre 1851, alors qu’il était venu avec « quelques membres de l’Assemblée, sans armes pour essayer de sauver la loi » (Paul Deschanel) Ses restes ont été transférés au Panthéon.
Il occupe d’anciennes carrières à plâtre et forme une vallée profonde entourée de trois coteaux.
Ces carrières étaient abandonnées, elles reçurent pendant la Révolution des corps de personnes, tuées au cours de diverses émeutes, corps jetés en vrac dans des conditions déplorables. Ce fut le cimetière de la barrière Blanche.
On y remarque les tombes des poètes Saint- Lambert (1803), Legouvé (1812) et Soumet, du peintre Jean-Baptiste Greuze (1805), du général Cavaignac, et de plusieurs noms illustres de l’ancienne France : d’Argenson, le maréchal de Ségur (1801), La Tour du Pin, Montmorency, les peintres et graveurs Alfred et Tony Johannot (1817,1852) le maréchal Lannes.
Le duc de Montebello (1809, son cœur seul est ici, car son corps est au Panthéon)
L’amiral de Rigny (1837), le peintre Paul Delaroche (1856) Alphonsine Plessis, la Dame aux Camélias (17ème div), Mme Récamier ((1849) la belle amie de Chateaubriand, Ampère (1836), Guitry, père et fils (1ere div).
Hector Berlioz (1869), couché entre ses deux épouses, une légende veut que le jour de ses funérailles, lorsque le corbillard pénètre dans le cimetière, les chevaux s’emballèrent, peut-être pour symboliser une « chevauchée fantastique »
Alfred de Vigny (13eme div)
Et bien d’autres : la poétesse Marcelline Desbordes-Valmore, la comédienne Rachel.
l’écrivain Henry Beyle, alias Stendhal (1842) (30ème div) dont la tombe est décorée de médaillons par David d’Angers, une inscription figure en latin, en voici la traduction : vivre, aimer, être milanais
Les frères Goncourt (13ème div), la modeste tombe de Louise Weber, dite « la Goulue » (31ème div) Waldeck-Rousseau (2eme div), Edgar Degas (4eme div)
Horace Vernet, dont la tombe de marbre blanc est constellée d’étoiles d’or (5eme div)
Le peintre Poulbot (9ème div)
Zola son monument est en marbre rose et dont l’enterrement fut accompagné par la célèbre chanson du Temps des Cerises, et dont le buste et l’inscription J’ACCUSE réclament encore la justice. Ses cendres ont été transférées au Panthéon le 4 juin 1908.
Théophile Gautier (3ème div) avec une statue de la Poésie par Godebski et plusieurs inscriptions dont celle-ci :
L’oiseau s’en va, la feuille tombe
L’amour s’éteint car c’est l’hiver
Petit oiseau vient sur ma tombe
Chanter quand l’arbre sera vert
Le poète allemand Heinrich Heine, humaniste qui voulait tendre des ponts fraternels entre les Allemands et les Français, entre les juifs et les chrétiens, voyait grand, voyait loin, si bien que l’Allemagne d’Hitler le conspua post-mortem alors qu’il l’avait déjà été de son vivant. Ses derniers mots : « j’ai été un brave soldat dans l’affranchissement de l’humanité »
Son buste, sur un socle surélevé au fronton duquel figure une lyre, domine en bordure d’une allée. Sa tombe toujours fleurie est principalement visitée, bien sûr par des Allemands et des Autrichiens.
N’oubliez pas non plus « le tombeau d’Osiris » cité en début de texte. Cet Osiris montmartrois était un philanthrope, il acheta et restaura le domaine de la Malmaison et en fit don à l’état en 1904, il fit de l’institut Pasteur son légataire universel. Enfin sur le plan statuaire, son mausolée est un des plus représentatifs : réalisé par Mercié, il figure le Moïse d’après Michel-Ange.
Et puis encore Degas, Fragonard, Louis Jouvet, Offenbach, Feydeau… et le bourreau Sanson !
Le polémiste Cavaignac (1845) qui gît sous une sépulture signée François Rude
Le comédien Jacques Charron (1975) qui fut longtemps un pilier de la Comédie Française
L’auteur-compositeur-interprète Michel Berger mort prématurément en 1992
Le cinéaste Henri-Georges Clouzot (197, auteur des inoubliables Diaboliques et du Salaire de la peur et qui repose ici en compagnie de son actrice d’élection Véra Clouzot (1913-1960)
Jean le Poulain, autre pilier de la Comédie Française
Adolphe Sax (1894) l’inventeur du saxophone (plaque)
Alexandre Dumas fils (1895), l’auteur de La Dame aux Camélias, dont le modèle repose pas très loin de lui
La belle actrice Dominique Laffin (Depardieu en était éperdument amoureux dans Dites-lui que je l’aime de Claude Miller en 1977) emportée trop jeune (1952-1985)
François Truffaut, l’un des plus grands cinéastes français (les quatre cents coups, la sirène du Mississipi, le dernier métro etc.) morte en 1984
A voir aussi la troublante sépulture de Henri Meilhac (1897) auteur de livrets d’opérette (la Belle Hélène avec Ludovic Halévy)
Dalida, (1987) dont le somptueux monument se situe près la porte Joseph de Maistre
Et tant d’autres encore qu’il est totalement impossible de tous citer
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