mardi 8 novembre 2011

Eglise Saint Jean De Montmartre

21 rue des Abbesses          Métro Abbesses
tel : 01 46 06 43 96
Visites guidées : visites le deuxième et le quatrième dimanche de chaque mois, à 16 h d’octobre à mars et à 17 h d’avril à juin et en septembre





Saint Jean l’Evangéliste, saint Jean de Montmartre, édifiée par l’architecte Anatole de Baudot en béton armé et parement en briques ( « saint jean des briques ») Elle a été construite sur un terrain vague vis à vis de la troisième mairie de Montmartre, de 1894 à 1904, pour remplacer l’église Sainte Pierre de Montmartre alors vouée à une prochaine démolition
De Baudot était disciple de Violet le Duc. Le projet a été choisi en raison de son faible coût  par le curé de la paroisse, qui le finança largement sur ses propres deniers. L’église a mis une dizaine d’années à être terminée, au terme d’un procès et d’une ordonnance de démolition (jamais exécutée) : l’administration, peu au fait des derniers matériaux, n’accordait aucune confiance aux planchers et au toit-voûte de 7cm d’épaisseur, ni aux piliers de 50 cm de côté qui montent à 25 mètres de haut.
A l’intérieur, les ogives et nervures néo-gothiques, laissent penser que si Baudot s’est passionné pour le béton, c’est aussi parce qu’il lui permettait une construction qui se rapprochait de son idéal : l’architecture gothique. Il n’en a pas moins fait un bâtiment qui, par la volonté d’utiliser jusqu’au bout les possibilités du matériau, et par l’emboîtement de ses volumes, annonce l’architecture des années 20
L’abbé Loutil, successeur de l’abbé Sobaux à qui l’on doit cette église (en remplacement de St Pierre qui allait être détruite), trouve une église sans décor. C’est donc à lui que l’on doit les peintures d’Alfred Plauzeau : Les Noces de Cana et La Cène, ainsi que les vitraux.
Les trois grandes fenêtres hautes de la nef ont été exécutées par Jac-Galland d’après des dessins de Pascal Blanchart
La construction du presbytère a malheureusement entraîné la défiguration de l’hôtel de la Malibran qui la jouxte au n° 21
L’église a deux annexes : la moderne chapelle saint Vincent au 22 rue Damrémont et la chapelle Sainte-Anne au 9 rue de Clignancourt

Saint Jean de  Montmartre
Documentation d’origine paroissiale parut dans Paris-Montmartre 2ème trimestre 2004
L’église Saint Jean de Montmartre est dédiée à Saint-Jean l’Evangéliste, dont elle porta quelques temps le nom. La grande unité du décor intérieur vient de ce  que la majeure partie des éléments de ce décor est une illustration de deux des écrits de saint Jean : l’Apocalypse et le Quatrième Evangile. Bâtie sur un terrain exigu  et irrégulier (44 20m) sur le flanc de la butte Montmartre, c’est-à-dire sur une colline fortement escarpée (dix mètres de dénivellation entre la rue des Abbesses et le plancher de la crypte) l’église Saint-Jean, souvent appelée Saint-Jean des briques, présente une structure particulièrement audacieuse. <p></p>
La vigne est aussi à l’église :
L’architecte Anatole de Baudot avait prévu un intérieur entièrement peint, très coloré. Il semble qu’il n’y ait pas eu assez d’argent et l’on se contenta de recouvrir les murs et les piles d’une peinture vert olive parcourue par endroit d’un motif au pochoir. Mais l’unité « johannique » a été  préservée, car ces motifs représentent des ceps de vigne d’où partent des feuilles évoquant la Parole de Jésus, rapportée par Jean : «  Je suis la Vigne et vous êtes les sarments : celui qui demeure en Moi et en qui je demeure, celui-là produira du fruit en abondance. » ( jn 15,5
Le chœur :
Ce n’est qu’en 1986 que le musée des monuments historiques put faire l’acquisition d’une maquette représentant l’ensemble des peintures du chœur telles qu’elles étaient prévues par Pierre l’Ermite. Cet ensemble montre à quel point le décor intérieur de Saint-Jean l’Evangéliste, vitraux et peintures, était conçu comme une véritable catéchèse johannique en image, illustrant la Parole du Christ en Jean 4,6 : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi…Celui qui m’a vu a vu le Père. »
Cette maquette a révélé la profonde et remarquable unité du décor intérieur de l’église. Malheureusement seules deux scènes de cet ensemble ont été réalisées par A. Planzeau, sur toile marouflée : les Noces de Cana, à droite du chœur et la Cène, à gauche. Les autres peintures ont été remplacées par un faux rideau, le long duquel court une bande ornée de têtes d’aigle.
Une église plus proche des hommes :
Juchée sur la colline l’église Saint-Pierre de Montmartre devient insuffisante et l’abbé Sobaux, curé depuis 1890 décide de construire une église plus au centre du quartier et plus accessible à la population. Il fait part de son dessein au cardinal Richard, archevêque de Paris, qui  l’approuve et l’encourage.
L’abbé Sobaux se rend alors acquéreur « d’un grand jardin planté d’arbres anciens en façade dur la rue des Abbesses, mais en contre-bas. » Une fois propriétaire du terrain, il veut commencer au plus vite la construction de son église, mais il lui faut de l’argent «  je quêtais… je quêtais, écrit-il, j’inondais la paroisse, mes amis de mes sollicitations, de mes notices. Les demandes étaient assez bien accueillies. »

Un monstre à embellir :
En 1913, l’abbé Edmond Loutil, dit Pierre l’Ermite, succède à l’abbé Sobeaux. Le but de ce dernier a été la construction d’une église plus accessible aux gens de la Butte. Grâce à son opiniâtreté et à sa foi, l’abbé Sobaux a réussi : l’église est là. L’œuvre de sons successeur va être de la décorer, de la rendre plus parlante. Voici ce que Pierre l’Ermite écrit en prenant ses fonctions : « Cette église n’est pas belle, me dit-on parfois, mais elle est ! Ce qui est autrement important. Et puis, je prouverai un jour qu’elle a sa beauté. Que d’ailleurs elle n’est pas finie. Vous verrez, quand il y aura des vitraux, stalles, bénitiers, un clocher, des grès flammés sur les murailles extérieurs. »
Exemple  de vitrail : la femme adultère (jn 8,3-11)
Le feuillage bleu-noir des grands ifs et le vert des figuiers sont épais, un peu étouffants. S’épanouissant en couleur sombre en haut de vitrail, il retombe lourdement vers le centre. Les troncs et les colonnades du Temple s’élèvent verticalement, condamnant l’horizon. Un double drame se joue : d’abord, entre les Pharisiens et la femme prise en flagrant délit, amenée là pour être condamnée et lapidée –certains des Pharisiens ont déjà le poing fermé sur la pierre qu’ils s’apprêtent à lancer – ensuite, entre les Pharisiens et Jésus, car s’ils amènent cette femme  à Jésus, c’est pour le prendre au piège et le procès de Jésus se profile déjà. C’est pourquoi les deux personnages centraux – la femme qui se reconnaît coupable et Jésus  l’innocent qui trace des traits sur le sable- sont enfermés dans un triangle de têtes hostiles. Lorsque les Pharisiens se seront tous éloignés à cause de leur propre pêché, Jésus en pardonnant à la femme la remettra debout vers un nouvel avenir, une Vie nouvelle<p></p>
Les grès « Bigot »
Des grès ornent les parties courbes du porche, animent de fins cordons colorés la façade de brique et soulignent l’entrecroisement des fenestrages courbes. A l’intérieur de l’église, le même décor céramique est employé pour orner la balustrade de la tribune et pour l’autel.
Anatole de Baudot (1834-1915) :
L’architecte de Saint-Jean n’était pas le premier venu… inspecteur général des Monuments historiques, inspecteur général des édifices diocésains de 1879 à 1907, il fut aussi un architecte « engagé, libre penseur et rationaliste qui croyait au progrès de la science et de la technique et appelait de tous ses vœux une architecture étroitement associée aux progrès de l’industrie. »
Le système Cottancin
Au béton armé, Baudot préféra le ciment armé, car ce dernier permet de plus faibles épaisseurs et répond mieux au principe de solidité formulé par les Romains. Il choisira donc le « système Cottancin » qui utilise de minces dalles de ciment armé renforcées « d‘épines-contreforts » pour les parties horizontales et des briques enfilées sur des tringles de fer pour les parties verticales. Ces deux parties reliées entre elles forment un véritable monolithe indéformable. La disposition de l’église Saint-Jean de Montmartre est donc conçue en raison de son mode de construction : une combinaison de piles, les murs n’intervenant plus que comme remplissage ne portant pas de charges.

Surnommée Notre-Dame des Briques par les Montmartrois qui lui préfèreront toujours leur vieille église Saint Pierre.


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