C’est au n° 34 du boulevard Rochechouard que Maxime Lisbonne, ex colonel de la Commune, plus connu sous le nom de : citoyen Lisbonne, fonda, en 1880, les frites révolutionnaires. On les portait en ville, ou plutôt on « déportait », dans un petit « panier à salade » traîné par des poneys et précédé de livreurs costumés en gendarmes à bicornes.
Mais les frites ne durèrent pas. Le citoyen Lisbonne transforma son cabaret en Taverne du Bagne. Il fit blinder sa façade avec des plaques en fer-blanc, et placer deux portes cadenassées qui portaient en lettres rouges les inscriptions : Entrée des condamnés, et Sortie des libérés. A l’entrée, des « gardes- chiourme » annonçaient l’arrivée des clients, en criant des condamnations :
Duffan Anatole, vingt-cinq ans de réclusion, et madame !
La salle du cabaret était décorée de peinture représentant des scènes du bagne et de portraits de communards célèbres. Les garçons, habillés de la veste rouge et du bonnet vert des forçats, portant à leur ceinture un petit boulet porte-monnaie retenu par une chaîne, servaient la clientèle sur des tables de bois blanc. Maxime Lisbonne avait rendu les consommations obligatoires d’une astucieuse manière : le paiement d’une consommation donnait droit à un ticket sans lequel, à la sortie, on ne pouvait être « libéré »
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