lundi 7 novembre 2011

Château-Rouge à Montmartre


Château Rouge aujourd'hui

Construit par le subdélégué Christophe ou Christophle cette construction de pierre et de briques rouges sera très vite appelée par les habitants du quartier «  le château ». Faussement attribué à Henri IV pour y abriter ses amours avec la belle Gabrielle, cette construction  a dut se faire entre 1775 et 1780.
Ce « château » sera le cadre de nombreux évènements historiques :
Le 30 juillet 1789, une perquisition pour y chercher « les grains et les farines qu’on soupçonne y être emmagasinés » rien n’y sera trouvé.
Après 1793, il devient la propriété de Jean Feutrier,, directeur des contributions du département de la Seine et président de la « fabrique » de Montmartre
Le 3 mars 1814, Joseph Bonaparte y réunit le conseil de défense
Fin 1843, le château rouge très délabré est la propriété de Mademoiselle Ozanne, marchande à la toilette qui a comme locataire le peintre Jacques-Raymond Brascassat avant qu’il ne s’installe rue de l’Arcade (passage des abbesses) puis rue de Laval (9ème), en devenant membre de l’institut.
L’année suivante, les héritiers mettent le château aux enchères, il sera adjugé à une société présidée par M. Du Seigneur. Duval, l’architecte chargé des travaux d’embellissement s’installe dans l’atelier du peintre
En 1845, il ne subsiste que le beau pavillon de la partie centrale acquis par Boboeuf, afin d’y fonder le célèbre Bal du Château Rouge
Le 9 juillet c’est là que se tiendra le fameux banquet réformiste, point de départ de la révolution de février
9 juillet 1847: inauguration de la "campagne des banquets" par les opposants au régime de Louis-Philippe
Durant les années 1846-1847, des scandales éclaboussèrent le régime de Louis-Philippe: affaires de corruption (Teste-Cubières), assassinat de la duchesse de Praslin etc. Mais c'est surtout le refus de la réforme parlementaire et électorale (on demandait non pas le suffrage universel mais un abaissement du cens) qui dressa contre Guizot bourgeois et intellectuels. Enfin, l'augmentation du coût de la vie et la misère de la classe ouvrière accrurent l'impopularité du gouvernement. L'opposition s'empressa d'exploiter ce mécontentement. La maladresse de Guizot et de Louis-Philippe, devenu, avec l'âge, plus intransigeant, fit le reste. Les réunions publiques étant interdites, l'opposition imagina une campagne de banquets pour diffuser ses idées: le premier eut lieu le 9 juillet 1847 dans le jardin du Château-Rouge, à Montmartre, et réunit 86 députés et 1.200 convives. De plus en plus inquiet par la teneur de ces banquets, le gouvernement interdit le grand banquet de clôture prévu pour le 22 février 1848. Les organisateurs se soumirent mais des manifestations éclatèrent dans les rues au cri de "A bas Guizot!". Quelques barricades s'élevèrent. Le lendemain, le gouvernement décida de mobiliser la garde nationale mais les bourgeois qui la composaient se déclarèrent pour les réformes. Atterré, le roi décida de sacrifier Guizot qu'il remplaça par Molé mais trop tard: la révolution de 1848 était en marche... En trois jours, la monarchie constitutionnelle allait s'effondrer.

En 1863, les jardins sont réduits par le percement de la rue Custine jusqu’à la rue Ramey
Le 18 mars 1871, le général de brigade du 88, Jules Lecomte et quelques officiers, lâchés par leurs hommes, sont arrêtés rue Muller et conduits au Château Rouge
E, 1882, le bal disparaît sous la pioche des démolisseurs, s’élèvent alors les immeubles du 42 au 54 rue de Clignancourt et du 7 au 15 rue Custine, dans l’uniformité voulue par les architectes Corbon et les frères Richelieu


Où s’amusait- on à cette époque ?
Au  CHATEAU – ROUGE  au pied de la Butte, au bout de la chaussée de  Clignancourt. L’établissement  tire ce nom fantastique de l’assez malingre château ou plutôt pavillon de briques rouges, sert de restaurant et de café, a des habitués qui ne ressemblent ni à Henri IV, ni  à la belle Gabrielle.
Bien qu’un peu déchu de son ancienne vogue, le CHATEAU – ROUGE  demeure encore un des centres les plus fréquentés par les amateurs de danse libre et pittoresque. La verdure y est maigre et la végétation timide, mais l’ensemble a été disposé avec une adresse qui fait illusion. Les illuminations éblouissent, les jeux de tout sorte abondent, et c’est peut être le seul jardin de Paris  d’où n’ait pas disparu le nécromancien au bonnet pointu, qui tire les cartes et dit la bonne aventure. On y lance aussi, dans les grandes circonstances, des ballons, et l’on tire des feux d’artifice.
Montmartre  (en 1861) est la ville de France (selon l’auteur) où l’on danse le plus, il y a L’Elysée Montmartre, La Reine Blanche et L’Ermitage :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire