mardi 8 novembre 2011

Jésuites-Création De La Compagnie De Jésus A Montmartre

Il y eut à Montmartre, comme aux autres lisières de Paris, des inhumations de chrétiens et leurs ossements furent recueillis et groupés dans une carrière de plâtre située à mi-hauteur de la Butte. C’était là un martyrium, mot qui au haut Moyen-Age désignait un champ de morts, un cimetière de chrétiens persécutés. On le surmonta, on ne sait à quelle époque, vraisemblablement au IXè siècle, d’une petite chapelle, le Sanctum Martyrium, qui devint un lieu de pèlerinage.

Vers 1123, le monastère parisien de Saint-Martin-des-Champs, qui possédait déjà la chapelle et le cimetière situés au sommet de la Butte, reçut aussi en don la petite chapelle du Martyre
En 1133, le roi Louis VI le Gros, cédant aux instances de sa femme, la reine Adélaïde de Savoie, sœur du pape Calixte, résolut d’installer à Montmartre un monastère de femmes. Il fit un échange avec les moines de Saint-Martin-des-Champs et, contre le domaine de Montmartre, il leur céda le sanctuaire parisien de Saint-Denis-de-la-Chârtre. Ceci fait, il fit construire au haut de la Butte une église et un monastère que desservirent des bénédictines venues du couvent de Saint-Pierre-des-Dames, récemment fondé à Reims, et il leur donna un grand nombre de biens. La reine Adélaïde vint s’y retirer dans sa vieillesse, elle y prit le voile et y mourut en 1154; son corps fut inhumé devant le maître-autel. Dès lors l’abbaye allait se développer considérablement et devenir une des plus importantes et des plus riches du royaume
Le 15 août 1534, Ignace de Loyola se rend dans la chapelle des Martyrs, avec ses sept premiers  compagnons : Lainèz, Lefevre, François Xavier, Pierre Favre, Simon Rodriguèz, Alexandre Salmeron et Nicolas de Bobadilla, il scelle avec eux, par la communion, la pensée qu’ils avaient tous de former désormais un bataillon d’élite sous le nom de Compagnie de Jésus.
François Xavier, un Navarrais est alors professeur de philosophie au collège de Beauvais
Pierre Fabre, un Français, prêtre savoyard
Trois Espagnols et un Portugais
Ils allèrent demander aux Dames de la Butte la clef du Martyrium. Celle-ci leur fur remise par la sous-sacristine Pierrette Rouillard, qui mourut centenaire en 1612, heureuse d’avoir contribué au célèbre veux
Cette chapelle, refaite en 1134, comportait une crypte à laquelle conduisait un escalier de 15 marches; au-dessous d’elle était un caveau auquel conduisait un escalier de 45 marches, mais il y avait des siècles que cet escalier s’était effondré et que le caveau était oublié. Pierre Fabre célébra la messe dans la crypte. Avant la communion, lui et ses compagnons firent un à un, « vœu de pauvreté, de chasteté, de s’embarquer pour Jérusalem et, au retour, de se consacrer avec l’aide de Dieu au salut des infidèles, non moins qu’à celui des fidèles, par la prédication, la confession, et l’administration de l’Eucharistie, sans recevoir aucune rémunération ». Le pape Paul approuva, par une bulle de 1540, cet Ordre qu’ils avaient appelé, en 1537, Compagnie de Jésus.
En sortant de la chapelle, ils se réunirent à nouveau autour de la Fontaine Saint-Denis et là, ils louèrent le seigneur et firent serment de renouveler leurs vœux tous les ans, le même jour de l’Assomption et dans la même chapelle.
La Compagnie de Jésus étaient créée et les jésuites gardèrent longtemps une vénération pour Montmartre
Quelques mots sur Ignace de Loyola : jeune prêtre basque ancien militaire, étudiant à la Sorbonne il connaît bien Montmartre. Il faisait des retraites dans les carrières plus ou moins abandonnées, elles lui rappelaient les grottes de la Thébaïde, refuges des premiers ermites
Les jésuites de Paris apposèrent, au début du XVIIè siècle, dans  la chapelle du Martyrium, une plaque de cuivre, disparue à la Révolution, dont la copie a été replacée en 1890, dans la chapelle actuelle du couvent des Dames Auxiliatrices du Purgatoire. Située au 9 rue Yvonne le Tac
Son inscription latine dit :

Arrête-toi, spectateur, et lis dans ce tombeau des martyrs quel fut le berceau d’un grand ordre religieux. La Société de Jésus qui reconnaît saint Ignace de Loyola pour père, eut Paris pour mère, l’an du salut 1534, le 15 août. Elle a pris naissance ici le jour qu’Ignace lui-même et ses compagnons mystiquement unis à Dieu par la sainte communion, se consacrèrent perpétuellement à son service par des vœux religieusement prononcés au pied de cet autel.


Le premier couvent des Dames Auxiliatrices était situé rue Antoinette sans que l’on ait jamais pu prouver que c’était bien là l’emplacement du Martyrium

Cette puissante Compagnie qui survit toujours après avoir été bannie 178 fois dans 43 états
Ce serment n’est pas prêté là par hasard, il va contribuer pour une large part à conserver au plus haut lieu de l’agglomération parisienne sa tradition mystique et, par contrecoup à en faire un centre culturel vivant permanent


« En 1540, un ancien militaire, Ignace de Loyola, mortifié par le progrès du protestantisme, ressuscita l’idéal originel des templiers : le moine-guerrier, le soldat du Christ, et créa sa propre armée. Mais à la différence des templiers, les soldats de Loyola ne combattaient pas au moyen du fer (quoique parfaitement prêts à laisser d’autres le manier en leur nom) mais au moyen du verbe. Ainsi naquit ce que Loyola nommait la Compagnie de Jésus jusqu’à ce que le pape, reculant devant les connotations explicitement militaires du terme « compagnie » insistât pour qu’il fût remplacé par « société ». Par leur structure et leur organisation martiales, par leur réseau étendu de « provinces » par leur discipline rigide, les jésuites étaient calqués, de l’aveu même de Loyola, sur les templiers. D’ailleurs, ils agissaient souvent en qualité de conseillers militaires, d’experts en artillerie, ainsi qu’en hauts diplomates et ambassadeurs. Comme les templiers, les jésuites étaient nominalement soumis à l’Eglise ; et comme les templiers, ils faisaient souvent leurs propres lois. En 1773, dans des circonstances qui rappellent la dissolution du Temple quatre cent soixante et un an plus tôt, le pape Clément XIV « pour des motifs secrets », abolit les Jésuites. Par la suite- en 1814-, ils furent ressuscités. Mais aujourd’hui encore, à bien des égards, les jésuites forment une institution autonome et assez souvent en conflit avec la papauté, à laquelle ils sont censés devoir allégeance




Pour ceux que l’histoire des Jésuites et d’Ignace de Loyola intéresse :

JESUITES  de Jean Lacouture  édition : Points

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