Il vécut à Montmartre dans les années 1890. Il tenait au Chat Noir, puis à L’Auberge du Clou, le piano comme « tapeur à gags ». Ce bohème type de la Belle Epoque était tombé amoureux de la volage Suzanne Valadon.
En 1893, celle-ci avait entreprit de faire son portrait et c’est au cours d’une séance de pose qu’elle devint sa maîtresse. Pour elle, comme pour beaucoup de peintres, c’était une règle que de coucher avec ses modèles. Inconscient de faire l’intérim entre deux amants, Erik Satie, malgré son esprit sarcastique, s’enflamma et voua à l’ancien modèle de Puvis de Chavannes, de Renoir et de Toulouse-Lautrec une passion qu’elle se faisait un malin plaisir d’attiser ou de doucher. D’uns sensibilité d’écorché, Satie souffrait et se plaignait dans des lettres tendres et mélancoliques envoyées à sa bourrelle :
Cher petit Biqui,
Impossible
De rester sans penser à tout
Ton être ; tu es en moi toute entière, partout
Je ne vois que tes yeux exquis, tes mains douces
Et tes petits pieds d’enfant.
Je commence à comprendre que tu ne peux point toujours
Faire ce que tu veux.
Tu vois, Biqui, qu’il y a commencement à tout
Je t’embrasse sur le cœur.
En juin, Suzanne lui signifia son congé : la saison des amours n’avait duré que six mois. Elle avait choisi Moussis, un ami de Satie pour le remplacer. Pour le musicien ce fut très dur ; ulcéré, il s’écarta, mais il continua longtemps à l’aimer, tout en la criblant publiquement d’épigrammes qui fustigeaient sa vertu. Dénoncer ses mœurs, c’était encore parler d’elle.
A lire
http://www.erik-satie.com/accueil/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire