dimanche 29 janvier 2012

Le Chat Noir A Montmartre

84 boulevard Rochechouart

 Sur son enseigne on pouvait lire :
Passant arrête-toi
Cet édifice fut consacré aux Muses et la joie par Rodolphe Salis

Salis avait fait toute sorte de métiers de hasard avant que d’en venir à animer un cabaret littéraire : caricaturiste, graveur en médaille, archéologue et peintre…sans réussir dans aucun.

Rodolphe Salis, père des chansonniers et créateur de  « Montmartre-Montjoie », fils d’épiciers de Châtellerault venu chercher fortune à Paris à pied après la guerre de 1870, fondait, avec le Chat Noir,  84 boulevard Rochechouart non seulement le premier théâtre de chansonnier mais l’Institut du boulevard Rochechouart. C’est du Chat Noir qu’est sorti l’esprit montmartrois et que la Butte est devenue le phare des arts sous toutes leurs formes d’expression.

Salis profite de l’abandon par l’administration des postes d’un local aussi poussiéreux qu’exigu, boulevard Rochechouart, pour le transformer en cabaret. Quelques sièges Louis XII et leurs tables, une haute cheminée et, pour parfaire le décor, un patron à poutrelles.
En rajoutant sur l’insolite et la dérision, Salis revêtit le chasseur de l’établissement d’un costume écarlate de Suisse, et les quatre serveurs de bière d’habits d’académiciens achetés chez le fripier. Son bagou, ses aphorismes à l’emporte-pièce – « Qu’est ce que Montmartre ? Rien. Que doit-il être ? Tout ! » - sa silhouette de demi-solde, son sens des affaires firent le succès de la boîte. Accentuant l’obséquiosité, il traitait les clients de « Mon Prince » « Monseigneur » « Mon gentilhomme » en multipliant les courbettes.
Ce côté agaçant était racheté par la qualité dus soirée du Chat-Noir. Avec beaucoup d’astuce, Salis était parvenu à accaparer le club des Hydropathes formé de poètes et d’écrivains qui tenait ses assises rue Cujas en plein quartier latin. Conduits par l’humoriste Emile Goudeau, les Hydropathes transportèrent leur siège chez lui. Très rapidement le Chat Noir devint une sorte de forum littéraire préfigurant aux assemblées de La Closerie des Lilas, du Café de Flore et des Deux-Magots.
L’esprit fin de siècle y coulait à flots : on y vit Alphonse Allais, Charles Cros, étonnant poète pré-dadaïste, inventeur en passant de la photographie en couleur et du phonographe, Alfred Capus, Verlaine, Albert Samain, Jean Richepin, Jean Moréas, Jean Lorrain, Maurice Donnay etc.…
Jehan Rictus, de son vrai nom Gabriel Randon de saint Amand en fut la vedette pendant quelques dix ans, avant de mourir en 1933 dans une misère noire

Dans cette enceinte vont se produire bien des poètes et se créer un art nouveau, celui des ombres chinoises, le théâtre d’Ombres.
Salis disait :
Dieu a créé le monde
Napoléon la légion d’honneur
Moi, j’ai fait Montmartre

Agressé par un malfrat, a sa sortie d’hôpital, Salis transfère le Chat Noir dans le 9ème arrondissement.
Aristide Bruant reprend le local, conserve une chaise Louis XIII et le rebaptise Le Mirliton

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