dimanche 29 janvier 2012

L’Elysée-Montmartre A Montmartre

Créé en 1806,  72 boulevard de Rochechouart, c’est certainement le plus ancien de tous les bals de Montmartre.
            C’est là que Zola fête la centième représentation de l’Assommoir le 29 avril 1879. C’est là que le premier  « père la pudeur », Contelat du Roché, fait observer la décence. C’est ici le fief de la danseuse Céleste Vénard, dite Mogador, qui finit comtesse de Chabrillan. C’est ici la naissance du cancan et du quadrille naturaliste.
             C’est de cet Elysée que Louise Veber, avide de terminer les verres, surnommée La Goulue, est enlevée par Pezon.
C’est là que débute Valentin le Désossé
 D’abord simple guinguette, dès 1835, l’Elysée Montmartre, n’est déjà plus classé parmi les guinguettes, l’almanach des spectacles le mentionne et Bargenet de Grenoble en parle dans son Livre des Cent  un où il décrit l’enthousiasme qu’avaient alors les gens de Paris pour ces plaisirs des campagnes ; il estime à 50 000 âmes, le surcroît de population que Montmartre recevait chaque dimanche

André Warnod  Bals, café, cabarets  1913 :
L’Elysée-Montmartre, dirigé pendant cinquante ans par la famille Serres, s’est fait une clientèle choisie qui ne manquera pas de s’augmenter. Un vaste salon vient d’être construit dans le jardin si remarquable et si aimé des personnes qui le connaissent. Ce salon, élevé comme par enchantement, n’a pas de rival ; sa surface est de1 000 mètres sans aucune colonne ; des galeries aériennes courent autour des murs et viennent s’arrêter à un vaste rocher destiné à porter l’orchestre ; des cascades, des plantations de toutes sortes ajoutent encore à la beauté féerique de ce monument. Un vaste chalet avec salle de jeux, un restaurant construit avec le confort le plus recherché ; telles sont les innovations apportées par Mme veuve Serres

 L’été on dansait dans le jardin, l’hiver on était à l’abri, alors que précédemment, dès le froid venu, il fallait emmener les clients au bal Molière, qui servait de succursale à l’Elysée pendant la mauvaise saison.
A côté du bal, une salle s’offrait au sport et à l’Elysée Montmartre se disputent encore des combats de boxe et de catch

Sous la Commune :
Le club de la Révolution s’y réunit, l’un des plus actifs, avec le club de la Reine-Blanche, dans la préparation de la Commune et bientôt dans ses luttes. Il siège sur l’estrade où Olivier Metra dirigeait la Valse des Roses. Dans le nombre, Jean-Baptiste Clément, l’auteur du Temps des cerises devenu le temps des balles, rouges elles aussi.
            « Ah ! quand reviendra le temps des cerises » et le temps de la révolution. Club révolutionnaire, bientôt poste de commandement, l’Elysée-Montmartre devient très vite hôpital, mouroir, morgue.
            Dans ses Souvenirs de la Commune, Louise Michel écrit
         
 « Les Batignolles, Montmartre, étaient pris, tout se changeait en abattoir, l’Elysée-Montmartre regorgeait de cadavres. Alors, s’allumèrent comme des torches les Tuileries, le Conseil d’Etat, la Légion d’Honneur, la Cour des comptes. »

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