dimanche 29 janvier 2012

La Boule Noire à Montmartre


Créé en 1822 par une ex-favorite de Barras, 120 boulevard de Rochechouart La Belle en Cuisse, va devenir La Boule Noire, ex-Boule Blanche selon l’enseigne, mais au bout de quelques années, la boule blanche qui resplendissait au dessus de la porte était devenue noire des suies de la rue, et un nouveau propriétaire, plutôt que de la nettoyer, baptisa le bal, La Boule Noire. C’est ici que naît le Quadrille des Lanciers en 1857. Ici que se réfugie un club de femmes en 1871, que Rigolboche en est l’étoile.

Goncourt :
« C’était bal à la Boule Noire, un jeudi. On dansait. La salle avait le caractère moderne des lieux de plaisir du peuple. Elle était éclatante d’une richesse fausse et d’un luxe pauvre. On y voyait des peintures et des tables de marchands de vin, des appareils de gaz dorés et des verres à boire un « poisson » d’eau de vie, du velours et des bancs en bois, les misères et la rusticité d’une guinguette dans le décor d’un palais de carton…Au mur, dans de grands panneaux blancs, des pastorales de Boucher, cerclées d’un cadre peint, alternaient avec les Saisons de Prudhon, étonnées d’être là ; et sur les dessus des fenêtres et des portes, des Amours hydropiques jouaient ente cinq roses décollées d’un pot de pommades de coiffeur de banlieue. Dans l’enceinte de la danse, sous le feu aigu et les flammes dardées du gaz, étaient toutes sortes de femmes vêtues de lainages sombres, passés, flétris, des femmes en bonnet de tulle noir, des femmes en caracos élimés et râpés aux coutures, des femmes engoncées ans la palatine en fourrure des marchandes en plein vent et des boutiquières d’allées. Au milieu de cela, pas un col qui encadrât le jeunesse des visages, pas un bout de jupon clair s’envolant au tourbillon de la danse, pas un réveillon de blanc dans ces femmes sombres jusqu’au bout de leurs bottines ternes, t tout habillées des couleurs de la misère. Cette absence de linge mettait dans le bal un deuil de pauvreté, elle donnait à toutes ces figures quelque chose de triste et de sale, d’éteint, de terreux comme un vague aspect sinistre où se mêlait le retour de l’Hôpital au retour du Mont-de-piété !… Côté femmes couleur prédominante, le noir, pas de chapeaux. Quant aux hommes, ils avaient le paletot, la petite casquette flasque rabattue par-derrière, le cache-nez de laine dénoué et pendant dans le dos. Ils invitaient les femmes en les tirant par les rubans de leurs bonnets, volant derrière elles. Quelques-uns en chapeaux, en redingotes, en chemise de couleur, avait un air de domesticité insolente et d’écurie de grande maison. »
« Tout sautait et s’agitait. Les danseuses se démenaient, tortillaient, cabriolaient, animées, pataude et déchaînées sous le coup de fouet d’une joie bestiale. Et dans les avant-deux, l’on entendait des adresses se donner : Impasse du Dépotoir. »

Le fond de la clientèle étant les bouchers de la Villette, les amateurs dégustent entre chaque danse une tranche de gigot à l’ail
Les domestiques essentiellement allemands s’y rencontrent volontiers assis sur les « sénateurs », c’est à dire les bancs cloués autour de la salle circulaire
Le bal disparut pour laisser la place au caf’conc’ La Cigale où se produisirent Mistinguet, Ouvrard, Arletty, Gabin de 1928 jusqu’aux années 1980 la Cigale fut un cinéma.
Aujourd’hui, de jeunes chanteurs de rap, reggae etc...y donnent des concerts

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