A la Goutte d’Or, le moulin Fauvet (rue des Gardes) était de pierre, fortifié par l’armée royale d’un fossé et d’une palissade. Il était tenu par le capitaine Guerry dont la résistance acharnée fit battre en retraite d’Andelot. Fait d’armes qui fit beaucoup d’honneur au capitaine et dénommer le moulin de son patronyme. Le moulin Guerry est aussi connu sous la désignation de moulin Noir.
Cette bataille de Saint-Denis qui se conclut par le retrait des protestants coûta la vie au Connétable, lequel « reçut d’un écossais une pistolade dedans les reins et mourut de la septième blessure en cette septième bataille âgé d’onze fois sept ans. Cette mort apporta une autre « petite paix que l’on nomma la paix fourée, qui ne dura que six mois ». Elle eut aussi pour spectateur, aux côtés du Roi, le chambrier du Grand Turc, ce qui fit écrire à Agrippa d’Aubigné : « ce qui a été jugé une imprudence de laisser voir à cet ambassadeur un roi, que son maître tient pour le plus grand des chrétiens, avoir des sujets qui osent présenter des batailles sous sa moustache. »
Cependant l’honorable spectateur se serait écrié par deux fois : « oh si le grand seigneur avait deux mille hommes de même que ces blancs pour mettre à la tête de chacune de ses armées, l’univers ne lui durerait que deux ans ! »
Ce qui par ailleurs fit répondre au roi par le maréchal de Vieilleville que la bataille avait été gagnée « par le roi d’Espagne ; car il y est mort d’une part et d’autre tant de valeureux seigneurs, si grand nombre de noblesse, de vaillants capitaines et de braves soldats, tous de la nation française, qu’ils étaient suffisants pour conquestrer la Flandre et les Pays-Bas, et les réincorporer à votre couronne de laquelle ils sont autrefois sortis. »
La Goutte d’Or, aux cinq moulins, possèdera donc, outre le moulin Noir, quatre autre moulins : l’un, chemin des Couronnes (rue Polonceau) dit des Couronnes, le Grand Moulin, le Petit et le moulin Neuf, tous trois dans la censive des pères de la mission Saint-Lazare « dont l’enclos leur faisait vis à vis ». Un acte passé entre les trois frères Laforge déclare un puits du XIIIe siècle commun à ces trois moulins.
Aujourd’hui, il ne reste plus dans le 18è que deux moulins, et un faux, sur tous ceux qui s’implantèrent sur la colline, cœur de l’arrondissement. Ils ont tous été l’objet de patientes recherches d’un grand érudit, André Millard, amoureux de Montmartre, hélas disparu et dont la veuve, « d’une plume pertinente, éclairée et alerte » a rédigé le fruit des travaux de son époux. Les Moulins de Montmartre et leurs meuniers fait le point sur l’histoire de chacun d’eux, que publia la société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre. Un seul, le moulin Paradis n’y trouve pas place, pourtant cité sans autre commentaire par un historien plus ancien, Charles Sellier, qui fut conservateur du musée Carnavalet. Aurait-il, ce moulin englouti dans un affaissement de terrain, quelque chose à voir avec cet hôtel du même nom qui jouxta le Bateau Lavoir
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